Le personnage de jeune femme incarné par Kristen Stewart, assis derrière un lit, se couvre d’un drap blanc et regarde vers l’extérieur. L’image est claire, ses couleurs pastel. Le regard et les cheveux sombres de la jeune femme contrastent.

Bienvenue chez les Rileys

En douceur, à l’image de son personnage principal, le long-métrage discret de Jake Scott (réalisateur) et Ken Hixon (scénariste) impose son rythme. Il exige de nous vingt minutes de patience avant d’énoncer les ingrédients de son intrigue et de développer son thème. Une vingtaine de minutes qui exposent non pas un quotidien, mais un tempérament, une sorte de solitude, un silence. Étonnant d’assister à tant de plans sans musique, presque sans bruit. Alors on se demande… de quoi va nous parler cette narration naissante mais pas hésitante, que veut-elle nous montrer ? On subodore, grâce à la réalisation résolue et délibérée, envieuse de bien faire et portée par des choix déjà clairs, que notre patience sera récompensée.

Welcome to the Rileys se révèle être une histoire d’homme. De liens perdus et peut-être retrouvés et que rien ne doit venir adultérer. Ni l’angoisse personnelle, ni le regard externe d’autres qui ne peuvent pas savoir, encore moins la bienséance ou les mœurs. Welcome to the Rileys n’est pas un film dépressif, mais au contraire le conte d’un nouveau départ, tout en contraste, en nuances et en subtilité. Il m’a donné le plaisir et la sérénité qu’un ciel changeant, nuageux mais parsemé d’ouvertures lumineuses, peut procurer.

Quand le destin offre des clés et que l’humain ouvre des portes.

Perdre, souffrir, intérioriser, puis devoir mettre de côté sa personne et ouvrir son esprit complètement pour se donner la possibilité d’une rencontre. Avec elle, la musique, simple et volatile, se fraye de nouveau un chemin. Le cercle vicieux cède sa place à quelque chose de plus vertueux, mais cette musique, comme la fille, se font timides et menacent de disparaître derechef. La première pointe avec sobriété les moments clés, quand la seconde apporte une palette ambiguë, de couleurs fragiles et acidulées, au récit.

Peu importe si l’histoire ne peut bien finir, le passé et le présent étant. Ces instants partagés feront la différence dans un futur à nouveau en devenir. Le mouvement entraîne le mouvement et l’action efface la soumission. C’est dans ce contexte que la relation entre Doug Riley et l’infantile Kristen Stewart se manifeste et suscite : un peu de peur, beaucoup de sourires, peu de questions et tant de tendresse. L’expérience est naïve et facile, elle dépeint pourtant des révolutions intimes.

Il y a de la douleur, des cicatrices et bien des impossibilités dans cette parenthèse, mais tellement à préserver et à sauvegarder. Si bien qu’une fois refermée, et le cours des choses transformé, il suffira de continuer à parler. Il suffira de garder un peu plus longtemps ce contact particulier et de soupçonner le meilleur pour la suite, quelle que soit l’adversité des vents contraires de la vie.

Welcome to the Rileys est de ces films qui apportent quelque chose en donnant accès, quelques dizaines de minutes durant, à l’intérieur de personnages fictifs mais étrangement plus véridiques que cette quantité d’inconnus croisée chaque jour. Magnifique photographie aidant, tons pales ambiançant et cadre posé, il donne envie de faire, d’ouvrir grand les bras et d’avancer, calmement.