Persévérer, et tout en même temps lâcher prise

Aujourd’hui, j’ai profité de la publication d’un nouveau paragraphe d’impressions pour mettre en place dans cette section aussi l’affichage de captures d’écran [note : sur un site qui n’existe plus].

Le retour au code n’est pas évident (je n’avais fait que ça entre octobre dernier et début mars, mais je n’y avais plus touché depuis – presque deux mois donc –, et j’ai tendance à m’effacer la mémoire quand je passe à autre chose…). Je peux visiblement encore ajuster (à défaut d’ajouter des fonctionnalités, ce qui reviendra sans doute si je m’y replonge vraiment)…

Les commentaires sont en gris.
Je travaille avec Atom depuis l’année dernière.
En temps normal, je prends soin de ne pas avoir tant de fenêtres ouvertes en même temps…

Lorsque je codais, j’appréhendais cette relecture ultérieure du code (on est prévenu, lorsqu’on apprend, et puis l’on sent bien qu’on est dans une manière très spécifique de penser lorsqu’on code, avec des connexions plein la tête) ; je m’étais laissé des commentaires, mais peu, pour ne pas encombrer trop le fil déjà dense des instructions, d’autant que j’envoie le même sur le serveur (sans nettoyage, ni suppression de ces commentaires donc).

Récemment, et grâce à la version Gutenberg de Wordpress, j’ai trouvé la publication via cet outil nettement plus agréable (agréable pour la première fois, à vrai dire), ce qui est assez ironique… Et je songeais à de grands chambardements encore et déjà (je réfléchissais notamment au multisite, hier, mais retomber presque aussitôt dans tous ces services premium m’a dégoûté assez vite, Worpdress est un sacré business…).

L'édition d'articles dans Wordpress depuis la mise à jour Gutenberg, épurée
(le panneau à droite est rétractable)

Cela dit, en redécouvrant aujourd’hui ce travail effectué sur mon propre outil, j’ai constaté qu’il correspondait à ma manière de réfléchir, personnalisation rendue possible à ce point seulement en codant moi-même ; et le contraste avec les outils préfabriqués surchargés de fonctions utiles pour le collectif, mais largement inutilisées au cas par cas, me confirme aussi qu’être parti d’une feuille blanche est positif. Si ce n’est, donc, qu’il faut maintenir sa compétence, travailler sur la durée

On me disait récemment que tout le monde ne pouvait pas être développeur (dans le sens où les programmeurs fabriquent des outils pour des utilisateurs, qui peuvent eux se spécialiser dans la production de leurs contenus…), et je ressens qu’il sera effectivement difficile d’être doublement spécialiste… C’est une évidence, la polyvalence est antithétique de la spécialisation, mais ça fait partie des choses que je refuse de me rentrer dans le crâne…

Rows and rows, par Steve Jurvetson, sous CC BY
« Thousands of workers in this factory assembling and testing fiber optic systems. »

L’industrie et le « marché du travail » qui y est lié poussent, on le sait, à cette spécialisation, mais ça ne m’est soudain réapparu qu’en lisant, tantôt, la fiche Wikipédia de Kimetsu no Yaiba : le « light novel », adaptation du manga et non l’inverse comme je me l’étais d’abord figuré, est écrit par quelqu’un, mais illustré par quelqu’un d’autre.

Je n’ai jamais lu de ces « light novels », mais pour ce que j’en sais, c’est du roman destiné à une lecture rapide, notamment sur smartphone, et qui peut être pré-publié de manière hebdomadaire ; ce n’est pas nouveau, ça a à voir avec le roman de gare à l’époque de l’arrivée du livre de poche, ou la « novella », en occident.

Le colossal et génial (Miyamoto) Musashi d’Eiji Yoshikawa était déjà publié sous forme de roman-feuilleton entre 1935 et 1939.

Vagabond, l’adaptation en manga par Takehiko Inoue du récit et de la légende, est un chef d'œuvre.

Ces derniers jours, et suite aux réflexions quant à la fabrication de mon propre outil de travail, je me suis penché sur le développement logiciel et plus spécifiquement sur Vala dans un premier temps, puis GTK (je n’avais jamais fait le lien avec Gimp jusqu’ici), puis sur Python, et à nouveau sur Git, un peu, aujourd’hui. Je commence tout juste à sentir ce que ce dernier pourrait m’apporter, notamment dans le suivi et sur le long terme de mes travaux. Je rechigne à écrire que cet outil me faciliterait la tâche, étant donné sa complexité et tandis que je travaille seul jusqu’ici, mais l’idée de pouvoir revisiter la chronologie de mes travaux, dans un domaine comme dans l’autre (y compris pour les écrits donc) me fait penser que je gagnerais à l’utiliser.

Même avec de belles infographies, ça reste abscons.

Je dois cette évolution au visionnage de vidéos assez spécifiques, dans lesquelles je ne m’étais jamais plongé jusqu’ici, à savoir ces enregistrements, à visée pédagogique, d’une session de travail d’un programmeur. J’avais l’habitude de regarder des didacticiels, mais c’est différent. Ces didacticiels sont explicatifs, et se focalisent souvent sur une tâche en particulier. Avec eux, chapitre après chapitre, un module après l’autre, on apprend. En l’occurrence, il ne s’agissait pas d’instruire, mais bien de produire. Danielle Foré, qui est le fondateur la fondatrice d’Elementary OS, commentait ce qu’il faisait, et même sans comprendre le code qu’il retouchait, je pouvais saisir tout un tas de choses, notamment par rapport à son flux de travail.

Contre toute attente, j’ai trouvé ça ludique… Et en écrivant tout ceci, je me suis rappelé que, petit, je passais un temps infini à regarder des gens travailler, notamment des maçons… Là encore, ça tutoie l’évidence : on apprend aussi en observant, on est même programmé pour ça, on apprend à parler et à agir comme ça, en fixant les bouches et les gestes.

Bref, je ne pensais pas rédiger un article de blog… En conclusion, voilà où j’en suis :

  • J’ai l’impression de devoir choisir entre fabrication de mon outil de travail, et travail à proprement parler.
  • Je sais aussi que ce n’est qu’une énième manière de remettre à plus tard : je pourrais très bien rédiger dès maintenant du roman, si je m’en sentais vraiment capable, ce que certaines interactions récentes pas forcément super plaisantes m’ont bien mis devant le nez…
  • Après dix ans à me former à l’écriture et à la publication, par l’essai, l’errance, l’erreur… J’en viens régulièrement à douter fortement, et à vouloir tout plaquer.
  • Je prends conscience, en parallèle, que cette démotivation, voire cet écœurement, ont aussi à voir avec une sorte de dissociation entre ce que je veux vraiment, ou ce qui me plaît, et ce que je crois ou croyais devoir faire : on vit dans une société où le roman ou l’essai sont des parangons éditoriaux, des modèles à suivre. Or je prends plaisir et m’épanouis dans l’écriture spontanée, les récits courts, successifs voire répétitifs, réflexifs mais plutôt tous azimuts. Ce n’est pas que c’est bien ou que ce n’est pas bien, peu importe. Justement, peu importe, on s’en fout, on s’en fout du roman, des livres ou des livres épais. Et tant pis si c’est ce qu’attend le marché, dont j’avais pourtant décidé dès le départ de m’extraire, pour tout de même le singer encore trop… Un paradoxe de plus.
To let go, par Markolf Zimmer, sous CC BY-NC-ND

Peut-être trouverai-je donc à me contenter de recueils, à me contenter de faire ce qui me plaît, comme m’exprimer trop longuement par ici, peut-être me contenterai-je de « bloguer », en somme, d’expérimenter, de tâtonner. Peut-être lâcherai-je enfin l’affaire, ou, peut-être encore, m’attellerai-je finalement au récit de longue haleine.

Comment en est-on arrivé à ce que des personnes soient incapables de simplement se faire plaisir ?

Tout ça, je l’ai rédigé avec une musique superbe en arrière plan : « l’album d’arrangements orchestraux » pour le jeu vidéo NieR : Nier Gestalt & Replicant Orchestral Arrangement Album, que je vous recommande chaudement.

Et puisque je termine par une pointe de geek, notez que je m’en vais, maintenant que j’ai « bien travaillé », découvrir ce nouvel épisode de Shingeki no Kyojin, ce qui est un petit événement pour moi : ).

Image d’illustration principale : Cluster, par Grant Hutchinson, sous CC BY-NC-ND